Le prieuré Saint-Jean de Montdenis à Sancy-lès-Meaux 2ème partie..

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Le prieuré Saint-Jean de Montdenis

à Sancy-lès-Meaux.

2ème partie.

 

 

Vers le déclin de Montdenis.

Après Anne de Castille, prieure jusqu'à son décès en 1693, trois religieuses professes de l'abbaye de Chelles dirigent successivement le prieuré: Marie-Françoise de Richelieu, qui abdique en novembre 1709 pour devenir prieure de Noëfort, Louise de Moussy, qui décède le 30 décembre 1725, et Marie-Ulphe Bonnardy qui prend ses fonctions le 6 mai suivant. 

 

En 1700, le Mémoire de la Généralité de Paris indique: «Le prieuré de Mont-Denis, ordre de Saint-Benoît, établi à Crécy, est possédé par Mme de Richelieu. Il y a dix-huit religieuses et sept converses; elles n'ont que 1.500 livres de revenu. Ce prieuré est à la nomination de la prieure de Noëfort.»99.  L'Intendant, qui rédige ce Mémoire, juge donc le revenu du prieuré trop faible au regard du nombre de religieuses qui l'occupent. En effet, dans le même temps, Noëfort, qui ne compte guère plus de pensionnaires, 20 religieuses et 8 converses, dispose d'un revenu de 4.000 livres.100 

 

La location des terres ne rapporte sans doute pas suffisamment. Bien qu'on ne possède pas de bail de cette époque pour les 120 arpents de terres du prieuré à Sancy, il est presque certain qu'ils sont loués, tout comme la ferme de la Ronce à Guérard et d'autres parcelles dans diverses paroisses de la région. 

 

Il semble que ce soit pendant le priorat de Marie-Françoise de Richelieu (1693-1709) que la situation du prieuré se dégrade le plus gravement, en particulier au plan financier. Naïveté, incompétence, prodigalité? En novembre 1709, au moment où cette prieure abdique sa charge de Montdenis pour celle de Noëfort, la Crèche de Jésus est «… oberée de vingt mille livres de dettes dont la somme de six mille livres a été payée par les libéralités de Sadte Eminence (l'évêque de Meaux, NDR) et le surplus de la vente d'une ferme et des dots de quelques religieuses qui auroient dües être placées en fonds.»101  

 

Des opérations foncières malheureuses.

La ferme vendue pour apurer une partie des dettes contractées sous le priorat de Marie-Françoise de Richelieu est sans doute celle de La Ronce à Guérard. Quelques mois avant son abdication, Marie-Françoise de Richelieu vend cette ferme et les quarante huit arpents qui en dépendent à Pierre Raoult, receveur des tailles de l'élection de Coulommiers, moyennant «… une modique somme de quatre mille cent livres»102. Quelques années plus tard, la nouvelle prieure en appelle au roi et sollicite l'annulation du contrat, arguant que «… sans aucune nécessité dame Françoise de Richelieu pour lors prieure dudit prieuré de Montdenis a engagé et allienné au préjudice des possessions de la maison dudit prieuré une ferme faisant partie des fonds de ladite maison […], que par icelle les exposantes sont considérablement lézée que cette lézion diminue beaucoup le fond de cette maison […], qu'iceluy contrat ait été fait sans causes et besoins légitimes […], que ce contrat est fait sans aucune formalité qu'il y manque entre autres celle qu'il n'est point homologué en Parlement de Paris ce qui est essentiel et qui rend pour ainsy dire le contrat nul …»103. Le 4 août 1714, le roi donne droit aux religieuses de Montdenis. Cette ferme a-t-elle été vendue ultérieurement à meilleur prix? Cela paraît probable, bien que les documents ultérieurs consultés ne le disent pas.

 

Montbénard

Montbénard à Maisoncelles. Carte de Cassini, millieu du 18° siècle.

 

Le 22 décembre 1718, les religieuses de Montdenis achètent de Christophe Despinas et Charlotte Despinas sa sœur «… la maison, bastiments, métairie et ferme de Montbénard située en la terre et seigneurie des loges Saint Denis et Maisoncelles près Meaux, consistante en corps de logis, grange, escurie, vacherie, estables et autres logis, le tout couvert de thuilles, court entourée desd. bastiments et de murs, jardin à arbres et herbes, derrière le grand corps de logis, fermé de murs, pasture, saulsaye et terre à faire chennevière derrière lesd. logis dans lesquels il y a une grande mare, le tout comprenant quatre arpents trois quartiers et demy faisant plusieurs haches, scis comme dit est audit Montbenard, avec touttes les terres, prez, aulnaye, bois, broussailles et autres heritages …»104. La vente est conclue moyennant le prix de 8.000 livres, dont 2.000 livres au comptant, 4.000 livres à terme et 2.000 livres au moyen d'une rente de 100 livres par an.

 

Du temps de Christophe et Charlotte Despinas, cette ferme était louée moyennant 420 livres par an «et autres charges» dont on ignore malheureusement la consistance. En 1730, cette ferme n'est plus louée que moyennant 300 livres. Certes le fermier doit aussi livrer au prieuré  30 septiers de blé, un cent de gerbes et 20 tonneaux de poissons pris à l'étang de Maisoncelles105. Mais si l'on tient compte de la rente annuelle de 100 livres, le revenu en deniers n'est que de 200 livres pour un fond qui a en coûté 8.000.

 

Quand à la ferme du Hautoy à Voulangis, elle a été reçue en donation, mais elle «… ne produit aucun revenu à cause des charges auxquelles elle est hypothéquée …»106.

 

Enquête de la Commission des secours.

Au tournant des 17° et 18° siècles, la situation des établissements religieux du royaume tend à se dégrader. En 1695 et 1696, dans notre région, le roi unit des fondations charitables, maladreries rurales et petits hôtels-Dieu, à des établissements plus importants107. Le roi se préoccupe également de la situation de communautés régulières. A la demande de l'assemblée du clergé de 1725, il institue par arrêt du Conseil du 19 avril 1727 la Commission des secours. Egalement appelée Commission pour le soulagement des communautés de filles, elle est chargée d'examiner la situation morale et financière des communautés religieuses féminines et de proposer des mesures au roi. 

 

L'enquête des commissaires sur le cas de Montdenis conduit à y interdire, par lettre de cachet du 5 mai 1732, la réception de nouvelles novices108. Toutefois, les difficultés subsistent. Des travaux avaient été entrepris à Crécy dès 1641, mais un siècle plus tard, en 1733, «… le peu de bâtiments dudit monastère a besoin de réparations considérables et pressantes …», et il y manque encore «… de beaucoup de choses nécessaires à une communauté régulière comme d'un chapitre, d'une infirmerie, d'un cloître …»109. Selon l'expert missionné pour évaluer l'état des bâtiments, le coût d'une éventuelle réparation est estimé à 9.000 livres et celui de la reconstruction complète à 50.000 livres.

 

Crécy 005

Rue du couvent et rue des Minimes à Crécy. En haut à droite, probablement la Grosse Tour. Plan de Crécy par Georges-Louis Le Rouge. 1778. BnF.

 

De plus, les ressources courantes du prieuré demeurent insuffisantes: «… la recette totale des revenus, tant fixes que viagers, ne monte qu'à cinq mille cent trente une livres, et les charges à deux mille sept cent vingt neuf, ensorte qu'il ne reste que la somme de deux mille quatre cent pour la nourriture des dix huit religieuses de chœur, sept converses et six domestiques, et pour les autres dépenses communes inévitables comme la réception des hôtes, l'entretien des meubles communs, les frais de maladie… »110 

 

Enfin, en 1733, le prieuré de Montdenis est encore chargé «… de cinq à six mille livres de dettes …», alors qu'une autre dette de 7.000 livres a été réglée grâce aux libéralités de l'évêque et des parents de la prieure Marie-Ulphe Bonnardy111.  

 

Malgré ces libéralités, malgré qu'on ait disposé des dots de quelques religieuses pour apurer une partie des dettes, malgré que la prieure ait affecté sa pension de 1.500 livres aux revenus du prieuré, l'état des finances de celui-ci paraît irrémédiablement compromis.

 

Réunion définitive de Montdenis à Noëfort.

Par lettre de cachet du 25 septembre 1733, il est enjoint aux religieuses de la Crèche de Jésus de «… se retirer incessamment dans tel monastère qui leur seroit indiqué par sadite Eminence (l'évêque de Meaux. NDR) ou ses vicaires généraux …»112. Cependant, si elles doivent toutes quitter le prieuré de Crécy, celui de Noëfort est dans l'incapacité de les accueillir toutes. 

Quartier-Saint-Nicolas.jpg 

Le prieuré de Noëfort est implanté dans le faubourg Saint-Nicolas. Ici au 19° siècle.

 

Toutefois, plusieurs d'entre elles ont déjà quitté Montdenis pour d'autres établissements113: la sœur de Castelneau "de sainte Batilde" est depuis plusieurs années au monastère de la Visitation-Sainte-Marie à Meaux, la sœur de Rise de Sainte Maure "de sainte Melchide" est depuis longtemps au monastère du Parc aux Dames à Auger-Saint-Vincent au diocèse de Senlis, la sœur de Reilhac "de sainte Félicité" est depuis plusieurs années à l'abbaye de la Barre à Château-Thierry au diocèse de Soissons.

 

Au cours des mois de janvier et février 1734, les autres religieuses, les converses et la prieure font part de leur choix à l'official de Meaux. La prieure Bonnardy, six religieuses de chœur et trois converses sont transférées à l'abbaye royale de Notre-Dame de Meaux, et une religieuse professe est transférée au monastère des Ursulines de Meaux114. Marie-Ulphe Bonnardy conserve le titre honoraire de prieure jusqu'à ce qu'elle devienne coadjutrice de l'abbesse de Notre-Dame de Meaux. Celles qui sont agrégées au prieuré du faubourg Saint-Nicolas de Meaux «… seront dispensées des austérités de la réforme pratiquée aud. monastère de Noëfort, en conséquence, elles pourront user du gras en commun au réfectoire, ainsi qu'il est d'usage pour les infirmes dud. monastère de Noëfort, elles ne seront tenues de se lever la nuit, ny de coucher sur la dure, ny de porter la serge, et useront sur ce des mitigations usitées audit Montdenis… », alors que les religieuses de Noëfort restent soumises à la rigueur extrême de la règle du Paraclet.

 

Notre dame du Marché

L'abbaye royale de Notre-Dame dans le Marché à Meaux. Atlas de Trudaine. Milieu du 18° siècle. BnF.

 

Tous les biens, titres et revenus de Montdenis sont réunis à ceux de Saint-Nicolas de Noëfort, à l'exception de la ferme du Hautoy à Voulangis, affectée à l'abbaye de Notre-Dame pour l'entretien des sœurs qui y sont transférées. 

 

Il est décidé de vendre «… la maison et l'enclos avec ses dépendances … ainsi que les meubles communs qui n'ont été portés en aucune des maisons de Noëfort et de Notre-Dame» pour l'apurement de dettes du prieuré. La chapelle et le cimetière sont «…conservés en état décent et sans prophanation», en attendant que l'évêque décide de leur conservation ou de leur destruction. Il s'agit là des bâtiments, de la chapelle et du cimetière situés à Crécy. Ce qui reste des édifices et des terres du prieuré à Sancy est conservé.

 

Le titre de prieuré de Montdenis est éteint.

 

Le domaine de l'ancien prieuré de Sancy converti en ferme.

Le domaine du prieuré à Sancy, une fois déserté par les religieuses en 1570, demeure néanmoins la propriété de la communauté. Bâtiments et terres sont certainement loués dès cette date, comme cela avait été le cas en 1487. Si on ne connaît pas de baux de fermage ou de location entre le deuxième abandon des lieux à Sancy et le départ de Crécy, les archives conservent deux baux de fermage du début du 18° siècle.

 

Montdenis Plan d'intendance a

Montdenis sur le plan d'Intendance de Sancy. Fin 18° siècle. ADSM.

 

Le 20 juillet 1735, par un bail faisant suite à celui qui avait été consenti en mai 1727 à son père, décédé depuis, la prieure de Noëfort loue à Michel Richard, pour une durée de neuf années et neuf dépouilles, la première intervenant en 1727, «… la maison et ferme de Montdenis, située en la paroisse de Sancy, consistante en logis manables, grange, coulombier au dessus du portail de ladite grange, écuries, toits à porcs, petite grange et autres logis, cours, clos, bois derrière, terres labourables et prez en dépendant, contenant le tout en fond de terre cent quatorze arpents quatre vingt seize perches trois quart de perche […] moyennant la quantité de treize septiers de bled mesure de Meaux, vanné et hottonné, et du meilleur, de celuy qui proviendra des récoltes desdites terres, et la somme de quatre cent cinquante livres en deniers …»115.

 

Par un bail signé le 18 mars 1769, la prieure de Noëfort loue à Etienne François Rossignol, pour une durée de neuf années et neuf dépouilles, la première intervenant en 1773, «une ferme appellée Montdenis située en la paroisse de Sancy en Brie consistante en logis, granges, colombier, écuries, cour, clos, et bois derrière ladite ferme, terres, prez et autres héritages en dépendant contenant le tout en fond de terre la quantité de cent vingt quatre arpents vingt huit perches trois quart de perche …». Le loyer annuel est de 1.200 livres, et 40 minots d'avoine, mesure de Meaux116.

 

Les malheurs de la ferme de Montdenis.

Le 20 septembre 1776, un incendie ravage une grande partie des bâtiments de la ferme: «la grange à bled de cinq travées et la grande bergerie de deux travées, plus la petite bergerie, les poullaillers et les deux toits à porcs qui étoient attenants de la grange à bled et de la grande bergerie, le colombier qui étoit audessus de la grande porte de la grange à bled, la grange à avoine d'une travée, une autre bergerie d'une travée, et l'étable à vaches de deux travées, tous lesquels bâtiments ont été  tellement embrasés qu'il n'en reste plus que les murailles, si ce n'est l'étable dont le plancher n'est pas tombé, mais dont la poutre s'est un peu brûlée par un bout, et aussi afin de réparer l'écurie attenant de ladite étable dont la couverture est environ à moitié découverte.»117. Les dégâts sont estimés à 2.000 livres.

 

Les religieuses rendent Etienne François Rossignol, le fermier, et ses parents, cautions, responsables «des pertes que ce feu a occasionné qui n'a pu être causé que par la faute ou négligence de ces fermiers ou de leurs domestiques dont ils sont responsables, ou enfin pouvoir avoir été mis par des personnes du dehors par esprit de vengeance, pour faits personnels arrivés entre eux et ces fermiers, soit par querelles, soit en leur refusant l'aumône et l'hospitalité ou autres faits dont les fermiers sont également responsables.»118 

 

Bien évidemment, l'incendie ayant éclaté après la récolte des foins et les moissons d'avoine et de blé, la plus grande partie des récoltes engrangées dans les bâtiments cette année-là est détruite, mettant le fermier dans l'incapacité d'acquitter le solde de son loyer (504 livres sur 1.200, et 40 minots d'avoine). Le fermier et ses parents font valoir que «le feu n'ayant point paru aux premiers instants dans l'intérieur de ladite ferme, et s'étant au contraire en premier lieu manifesté au dehors aux meules de bled qui étoient derrière la grange à bled d'où il s'est communiqué aux bâtiments de la ferme […] que ce feu n'a été mis par aucunes personnes de la ferme en ce qu'au moemnt qu'ils s'en sont apperçus, ils étoient à souper eux et leurs domestiques, qu'en fin il est certain qu'il a été mis par des personnes étrangères ...»119

 

Les religieuses acceptent de transiger, renoncent au solde du loyer de l'année précédente, aux indemnités pour la reconstruction des bâtiments, aux dommages et intérêts, et résilient le bail qui devait courir jusqu'à la récolte de 1782. En contrepartie, elles retrouvent la disposition immédiate des terres, prés et bois, tandis que le fermier abandonne tous ses droits découlant des labours, façons et amendements qu'il a effectués sur les terres, et des boutures qu'il a réalisées sur les bois taillis120.

Montdenis Plan d'intendance b

Montdenis sur le plan d'Intendance. Détail. Fin 18° siècle. ADSM. 

 

La propriété de Crécy occupée par les Minimes de Fublaines.

Dès de départ des religieuses, les Minimes demandent à être transférés dans les murs de l'ancien couvent bénédictin. Ils y sont autorisés par lettres patentes de janvier 1735. En 1740 a lieu la dédicace de leur église sous le titre de Saint-Pierre, ainsi que la translation des cendres de leur fondateur, le chanoine Pierre Poussemie121

 

Et …

En 1790, la ferme de Montdenis, qui appartient toujours à Noëfort, compte 124 arpents. Elle est vendue comme bien national le 12 octobre 1791. 

 

Les bâtiments du prieuré de Noëfort, au début du 20° siècle, abritent la Manutention des subsistances militaires. Après le 2ème guerre mondiale, on y installe le Dépôt central des archives de la justice militaire, puis l'ensemble passe à la Gendarmerie.

 

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La Manutention. Vue de l'entrée et de la cour de l'ancien prieuré de Noëfort.


A Sancy, la ferme exceptée, dont les bâtiments d'habitation sont de construction moderne, il ne subsiste rien de l'ancien prieuré.

 

Montdenis actuel 004

La ferme de Montdenis au 20° siècle. Dans l'angle en bas à droite, on distingue le Chemin Paré à travers les arbres.

 


Quelques religieuses de Montdenis.

Les archives et la littérature nous fournissent les noms et parfois quelques informations (statut, fonction, patronyme civil, nom en religion ...) sur des religieuses de Montdenis, principalement pour la période suivant l'installation du prieuré à Crécy. Elles sont ici classées par ordre chronologique. Nous en retrouvons certaines à plusieurs reprises. Des religieuses portent le même nom en religion. Les archives mentionnent ainsi deux sœurs "de Saint Bernard": l'une, citée en 1714 et 1734, est "au monde" Françoise Caron; l'autre, citée dans la correspondance de Bossuet entre 1692 et 1695, est "au monde" Catherine de Vaultier de Moyencourt (voir plus loin).

 

Entre 1176 et 1196

Marsilie, prieure122 .

 

1527.

Huberte de Melun, prieure123 

présente en 1497 au Paraclet lors du déplacement des corps des fondateurs de l'abbaye124, elle fut nommée en 1527 à Montdenis par Charlotte de Coligni, abbesse du Paraclet, puis à Saint Thomas de la Val, autre prieuré du diocèse de Sens dépendant du Paraclet, par Marie de Melun125.

 

1633.

Anne Moriau, prieure

fait rétablir le prieuré de Montdenis et le fait transférer à Crécy126.

 

1673.

Marguerite Burel "de Saint Antoine", novice127.

 

1675128.

Anne de Castille, prieure

1610-1693. Selon Toussaints du Plessis, elle fait partie de la Maison de Villemareuil, et est une ancienne chanoinesse régulière et professe de l'abbaye Saint Etienne de Reims (abbaye de chanoinesses régulières de saint Augustin)129. En fait, elle appartient à la branche de Montjeu de la famille de Castille, et non à la branche de Villemareuil: elle est la fille de Pierre de Castille, baron de Montjeu (frère de François de Castille, seigneur de Villemareuil) et de Charlotte Jeannin, et elle est religieuse au Pont aux Dames130. Elle est la cousine au second degré de Marie-Madeleine de Castille-Villemareuil, seconde épouse du surintendant des finances Nicolas Fouquet. Il est plus logique que soit nommée supérieure d'un prieuré bénédictin une religieuse issue de l'abbaye cistercienne du Pont aux Dames (branche de l'ordre bénédictin) plutôt qu'une ancienne chanoinesse régulière d'une abbaye augustinienne. Ses deux sœurs, Elisabeth et Angélique sont elles-mêmes religieuses au Pont aux Dames. Quoi qu'il en soit, elle tente, en vain, de soustraire le prieuré de Montdenis à l'autorité de l'évêque de Meaux131.

Anne Fillet "de Sainte Marthe", novice

Françoise Coru "de Saint Placide", novice de chœur132.

 

1693.

Marie-Françoise de Richelieu, prieure.

Née le 27 décembre 1655133 , elle est la fille de Jean-Baptiste-Amador Vignerot, marquis de Richelieu, et de Jeanne-Baptiste de Beauvais. Elle est aussi la petite nièce du cardinal de Richelieu, ministre de Louis XIII134. Ancienne professe de l'abbaye de Chelles. A son propos, le 8 juin 1690, Bossuet écrit à Madame d'Albert de Luynes, religieuse à l'abbaye de Jouarre: «J'ai vu, en passant à Chelles, madame de Richelieu: elle a de l'esprit; mais j'ai peine à croire que l'on confie l'abbaye de Jouarre à une si jeune religieuse135. Elle n'ira pas à Jouarre, mais à Montdenis. Elle abdique sa charge de Montdenis en 1709 pour prendre possession du prieuré de Noëfort136

 

1709.

Louise de Moucy, prieure.

Ancienne professe de l'abbaye de Chelles. Elle décède le 30 novembre 1725137. Fille de Pierre de Moucy, conseiller du roi et trésorier de France en Champagne, et de Louise de Maitz138. Trois de ses sœurs sont religieuses au couvent de Sainte-Marie de Chalons et une au couvent de la Saussaye à Villejuif.

 

1714139.

Dame Louise de Moucy, prieure

Margueritte Gagnyes "de la Présentation", sous-prieure

Catherine Roncin "de Saint François"

Françoise Coru "de Saint Placide

Elisabeth de la Chaussé "de Sainte Farre"

Jeanne Phlipot "de Saint Benoist"

Marie Fanier "de Sainte Gertrude", dépositaire

? de Castelleneau

Cette religieuse était peut-être apparentée à Marie-Ulphe Bonardy, prieure de Montdenis (voir plus loin), qui était la petite-fille de Jean-François de Roux et de Marguerite de Barras de Castelaut140

Anne Marguerite Girardin "de Saint Pierre"

Véronique Monin "de Sainte Flavie"

Anne Boullard "des Séraphins"

Jacqueline de … "de Saint Jean"

Margueritte Houdet "de Sainte Catherine"

Margueritte Bourdon "de Sainte Bertilde"

Catherine Fregeau "de Saint Antoine"

Béatrix du Rix "de Sainte Matilde"

Catherine Pezé "de Sainte Véronique"

Marie-Anne de la Motte "de Saint Augustin"

Françoise Caron "de Saint Bernard

fille de Jean-Antoine Caron, notaire au Châtelet de Paris, qui fut le mandataire des religieuses de Montdenis pour l'achat de la ferme de Montbénard à Maisoncelles en 1718. Il fit un contrat de profession pour sa fille le 03 juin 1697141.

Françoise de Reilhac "de Sainte Félicité"

Françoise Vaillant "de Saint Joseph"

? Blondet "de Sainte Marie"

? La Motte "de Saint Louis"

 

1718.

Denise Agnès Thierry "de Sainte Cécile", professe142.

 

1730143.

Marie de Bonardy, Dame et abbesse

Marie-Ulphe Bonnardy (de Bonardi), ancienne professe de l'abbaye de Chelles, prend possession du prieuré de Montdenis le 6 mai 1726144. Fille de Balthazar de Bonardi, auditeur à la Chambre des Comptes et de Anne de Roux de Seissat145.

Jeanne Philippot "de Saint Benoist" sous prieure

Catherine Ronsin "de Saint François"

Elisabeth Nivelle "de Sainte Farre"

Marie Anne Boullard "des Séraphins"

Marguerite Fanier "de Sainte Gertrude" dépositaire

Marguerite Bourdon "de Sainte Bertilde" sous dépositaire

«toutes religieuses, professes et discrètes de ladite abbaye»

 

1731146:

Très haute et discrète personne Madame de Bonnardy, abbesse

Jeanne Philippon "de Saint Benoist", sous prieure 

Elisabeth Nivelle "de Sainte Fare"

Marie-Anne Boullard "des Séraphins"

Marguerite Fanier "de Sainte Gertrude", dépositaire

? de Lamotte "Saint Louis" seconde dépositaire.

 

1734147:

Révérende mère Marie Ulphe Bonnardy, prieure,

(transférée à l'abbaye royale de Notre-Dame de Meaux, avec 6 professes et 6 converses)

? de Castelnau "de Sainte Batilde", professe,

à cette date, se trouve au monastère de la Visitation de Meaux depuis plusieurs années. Le roi l'a gratifiée d'une pension.

voir en 1714, ? de Castelleneau

? Menin "de Sainte Flavie", professe,

au monastère des Ursulines de Meaux

? de Rix de Sainte Maure "de Sainte Melchide", professe,

à cette date, se trouve depuis longtemps au monastère du Parc aux Dames, diocèse de Senlis148 . Le roi l'a gratifiée d'une pension.

? de Reilhac "de Sainte Félicité", professe,

depuis plusieurs années à l'abbaye de la Barre, diocèse de Soissons149 

? Raoul "de Sainte Victoire"

? Faviere "de Sainte Gertrude"

? Blondel "de Sainte Marie"

? Bourache "de Sainte Scholastique"

? Denis "de Saint Dominique"

? Ponroy "de Sainte Marthe"

? de Mareuil "de Saint Fiacre"

sœur "de Sainte Angélique"

Françoise Caron "de Saint Bernard"

sœur "de Saint Augustin"

sœur "de Sainte Catherine"

 

L'abbé Le Dieu et Marie-Françoise de Richelieu.

François Le Dieu, secrétaire de Bossuet de 1684 à 1704, visite le prieuré de Crécy à plusieurs reprises après le décès de l'évêque, et paraît se lier d'amitié avec Marie-Françoise de Richelieu. Il mentionne quelques visites dans son Journal, la première fois en date du 17 juin 1704, visite au cours de laquelle il parle de ses Mémoires à la prieure150. Un mois plus tard, il retourne lire ses Mémoires à la prieure qui les juge «…dignes d'être imprimées»151 . Le 8 août suivant «… j'ai été voir Mme de Richelieu, à Crécy, qui m'a reçu à merveille, me flattant encore beaucoup sur mes Mémoires.»152. Fin septembre, au Pont aux Dames où il est venu coucher, il demande des nouvelles de Mme de Richelieu «… à Crécy, où j'ai appris qu'elle se portoit fort mal153  

 

Ses visites s'espacent, et le 21 août 1705, «… je suis venu à Crécy voir Mme de Richelieu, qui m'a fort bien régalé à dîner et m'a fait aussi mille amitiés, m'invitant à l'aller voir plus souvent que je ne fais. Je suis revenu coucher à Meaux.»154. Puis, «Ce mercredi matin, 2 septembre, je suis parti du Pont pour aller dire la messe à Mont-Denis de Crécy, chez Mme de Richelieu, qui m'a retenu à dîner et régalé à l'ordinaire avec une politesse charmante. Mme Duhamel, native d'Amiens, religieuse de Longchamp, qui demeure à Mont-Denis, et a su gagner toute l'affection de Mme de Richelieu, est aussi une jeune personne de beaucoup d'esprit, d'une grande délicatesse et d'une piété exemplaire, qu'elle a su conserver avec tous les agréments de son sexe et de son âge. Mme de Richelieu me l'a fait connoître, et elle veut que je sois de ses amis, cherchant à retenir cette religieuse auprès d'elle par toute sorte de moyens.»155. Le 1er novembre 1705 «J'ai reçu une belle et longue lettre de Mme de Richelieu de Mont-Denis, dans laquelle elle se loue fort du prélat qui l'a fort bien traitée, et lui a accordé toutes ses demandes, et surtout de garder auprès d'elle Mme du Hamel; je l'en ai félicitée par une réponse expresse depuis quatre jours, avec un mot en particulier pour la jeune dame, sur son bonheur d'être assurée pour sa vie auprès de Mme de Richelieu156

 

En août 1706 «Lundi 23 août et mardi 24, voyage à Crécy, aux Pont-aux-Dames et à Coutevroust chez M. Morin. Bonne réception partout»157

 

En 1708 «Ce lundi donc, 9 mai 1708, j'ai été du matin à Crécy, où j'ai passé la journée chez Mme de Richelieu, qui m'a bien régalé à dîner, et la soirée, je l'ai passée à la mission, où M. Crespel, supérieur, m'a donné à souper et retenu à coucher.»158. «Ce jeudi 31 mai, voyage à Crécy, où j'ai trouvé Mme de Richelieu en parfaite santé, qui m'a fait, à son ordinaire, bonne réception, avec Melle du Plessis sa nièce, et Mme du Hamel, la cordelière de Longchamp, sa confidente, qui se porte aussi très bien159 

 

Le cas de la sœur "de Sainte Scholastique".

Le 28 novembre 1705, l'abbé Le Dieu, secrétaire de Bossuet, écrit dans son journal: « De son côté, M. de Meaux (l'évêque Bossuet. NDR) semble ne vouloir plus rien ménager à Sainte-Marie (monastère de la Visitation de Sainte-Marie au faubourg de Chaage. NDR); il avoit proposé à la mère Le Picart de recevoir dans son couvent une religieuse de Crécy, dite Sainte-Scolastique, que Mme de Richelieu a voulu éloigner; mais la mère Le Picart pria M. l'évêque de ne pas lui envoyer cette fille. Le prélat a fait dire à Mme de Noëfort de la recevoir; elle s'en est aussi excusée, priant M. l'évêque de se souvenir qu'il ne pouvoit pas user de son autorité envers elle, parce qu'elle se prétend soumise immédiatement à l'abbesse du Paraclet au diocèse de Troyes. Le prélat a donc pris son parti d'envoyer la fille de Crécy d'autorité à Sainte-Marie de Meaux, avec une obédience portant sèchement qu'elle y sera reçue, sans ajouter la formule de douceur et de politesse, de l'agrément de la supérieure: à quoi M. de Meaux ne manquoit jamais. En vertu de cette obédience, la religieuse est entrée à Sainte-Marie.»160  

 

L'abbé Le Dieu ne précise pas la raison pour laquelle la prieure de Montdenis souhaite éloigner la sœur "de sainte Scholastique", ni celle pour laquelle de la supérieure de Sainte-Marie refuse de la recevoir. Concernant cette dernière, on peut peut-être y voir la volonté de ne pas faire supporter à son monastère la charge de l'entretien de la sœur "de sainte Scholastique". En effet, on découvrira quelques mois après le décès de la mère Le Picart (survenu, justement, le 28 novembre 1705), que «l'état de la maison de Sainte-Marie de Meaux est à deux doigts de sa ruine […] Toute la politique de la mère Le Picart a été de cacher cette misère»161. Le prétexte avancé par la prieure de Noëfort pour refuser la religieuse nous rappelle la tentative d'Anne de Castille de se soustraire à l'autorité de l'évêque évoquée plus haut, et on peut noter que, si Montdenis est resté soumis au prélat, ce n'est apparemment pas le cas de Noëfort. Quoi qu'il en soit, on s'attendrait à voir la religieuse qu'on éloigne de Montdenis transférée à Noëfort, maison-mère de ce prieuré, plutôt que dans un établissement relevant d'un autre ordre.

 

Le cas de la sœur "de Saint Bernard".

Ce cas n'intéresse Montdenis qu'indirectement. Si l'on en croit la correspondance de Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, une religieuse de Faremoutiers, sœur "de Saint-Bernard", paraît lui avoir donné quelques soucis, ainsi qu'à ses supérieures, au point qu'il envisage de la transférer à Montdenis. Catherine de Vaultier de Moyencourt, sœur "de saint Bernard" en religion, et fille de Charles de Vaultier de Moyencourt, maître d'hôtel du roi et lieutenant de sa capitainerie de Saint-Germain-en-Laye, et de Jeanne de Chaillou, a fait profession le 15 septembre 1669 à 18 ans. Sa famille avait acquis la seigneurie de Guérard au 17° siècle avant de la revendre162, et un petit-neveu, en 1731, se dit encore "seigneur de Moyencourt, baron de Guerard, Rully (sans doute Rouilly. NDR), Lumières et autres lieux"163. Charles-Auguste d'Allonville, marquis de Louville, dont il sera question plus loin, est son neveu164.

Faremoutiers Cassini

Faremoutiers, Crécy, Montdenis. Carte de Cassini, milieu du 18° siècle.

 

Bossuet mentionne pour la première fois la sœur "de saint Bernard" dans une lettre qu'il adresse le 22 décembre 1692 à madame de Beringhen, abbesse de Faremoutiers: «Vous pouvez, Madame, faire confesser la communauté par le père vicaire des Capucins de Coulommiers. A l'égard des confesseurs que demande ma sœur de Saint-Bernard, je les lui accorde avec peine; car une personne qui a été si long-temps sans s'approcher des sacremens, devroit être mise en d'autres mains que celles d'un vieillard si occupé, et d'un Cordelier qu'on ne connoït pas. Cependant, Madame, comme tout le monde est occupé en ce saint temps, et que je serois fâché de le lui voir passer sans faire son devoir, je lui accorde ce qu'elle souhaite, et je lui conseille le Cordelier, qui aura plus de loisir, plutôt que le curé qui n'en a point…»165 

 

Le 23 décembre 1693, l'évêque écrit à l'abbesse, madame de Beringhen: «Vous avez parlé dignement à madame Saint-Bernard: mesdames de Luynes ont fait ce qu'elles pouvaient pour l'apaiser, et plus même que je n'eusse voulu. Quand on m'a entretenu de cette affaire à Jouarre, j'ai répondu en trois mots que les choses en étoient venues à un point, que c'eût été autoriser la désobéissance que de la dissimuler dans une visite qui arrivoit dans ce temps-là même.»166 

 

Le 15 février 1694, toujours à l'abbesse de Faremoutiers, il écrit: «Je prie Dieu sans cesse qu'il vous comble de ses grâces: elles sont bien nécessaires pour détruire cet esprit de raillerie que madame Saint-Bernard excite dans votre maison: c'est le pire de tous les esprits, et il faudra plus que toutes choses chercher le moyen de le déraciner167 

 

Faremoutiers 001

 

Le 24 juillet 1694: «A peu près enc même temps que j'ai reçu votre lettre du 23 juin, j'en reçus une en forme de justification de Mme de Saint-Bernard. Elle déguise un peu le fait; mais il y en a assez dans ce qu'elle dit pour lui donner un grand tort. Je ne lui ai point encore fait de réponse, et je n'en ferai point que je n'aie parlé à M. de Louville. Il faut tâcher de vous en défaire, et j'espère dans peu que tout s'y disposera doucement»168 .

 

Le 30 juillet 1694, la sœur ayant choisi d'être tranférée à Montdenis: «J'ai, madame, entretenu M. de Louville, et il me paroit que tout se dispose à consentir à la retraite, pour un temps, de madame de Saint-Bernard. On la propose pour deux ans: il faut l'accepter pour cela; parcequ'après nous ne manquerons pas de raisons pour proroger l'obédience. Je lui dis qu'elle comptoit sur deux cents livres de pension de sa famille, et qu'il faudroit tâcher de porter le monastère à faire le reste. Il répliqua que c'étoit bien peu, de ne faire à Farmoutiers que cent livres pour une fille qui avoit apporté huit mille livres. Je ne poussai pas plus avant. Afin de vous tout dire en une fois, elle propose le monastère de Montdenis, où est mademoiselle Nisard, en s'expliquant bien fortement que ce n'est pas pour l'amour d'elle, mais par la facilité qu'elle a trouvée du côté de madame de Richelieu. Régulièrement, il faudroit un monastère de même observance : mais comme on seroit long-temps à en chercher, je ne m'éloignerois pas de celui-là: je le puis permettre à cause des infirmités de madame de Saint-Bernard, ne s'agissant de le faire que pour un temps. Notre véritable motif, qui est de nous défaire au plus tôt d'un esprit très dangereux, est très légitime. Je n'ai pourtant voulu m'engager à rien sans savoir votre sentiment: ainsi je ne m'explique de rien qu'en général dans la lettre que j'écris à madame de Saint-Bernard. Vous lui pourrez dire ce que vous voudrez sur ce que j'ai l'honneur de vous écrire…»169 

 

Lettre du 6 août 1694: «J'aurais souhaité comme vous, Madame, que Mme de Saint-Bernard eût choisi un autre monastère que celui de Mont-Denis: mais j'ai été au plus court, et votre décharge m'a plus occupé que tout le reste. Ainsi, comme le reste ferait traîner la négociation, je persiste de mon côté; mais je vous laisse votre liberté toute entière. Si vous consentez à Mont-Denis, vous n'aurez qu'à lui rendre ma lettre, et lui dire que depuis, j'ai donné mon consentement, à condition du vôtre, selon ma coutume. Je prendrai les meilleures mesures qu'il se pourra du côté de Mont-Denis. Quoi qu'il en soit, elle sera hors de chez vous, et sa famille prendra des mesures pour l'établir ailleurs, que je favoriserai de tout mon pouvoir. Je ne vois à présent rien de meilleur.»170. Ainsi, sans enthousiasme, Bossuet choisit d'exiler la religieuse à Montdenis.

 

Lettre du 12 août 1694: «Je ne doute point, Madame, que la famille de Mme de Saint-Bernard n'ait des vues pour lui procurer quelque bénéfice; mais ces choses durent longtemps avant que d'éclore: ainsi le remède est bien long. Pour moi, je souhaite qu'elle pense à une autre maison plus éloignée et plus régulière, mais, s'il ne s'en trouve point d'autre, je persiste à croire qu'il est mieux de l'avoir dehors que dedans. Il est plus aisé d'empêcher les lettres que les discours et les exemples; et on peut prendre des mesures pour rendre l'écriture plus rare et plus difficile. Après cela, Madame, vous ferez par prudence ce que vous trouverez de plus à propos.»171 

 

1698_-_Jacques-Benigne_Bossuet_-Florence-.jpg

Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux.

 

Lettre du 5 novembre 1694: « … Mme de Saint-Bernard m'écrit sur le refus de Mont-Denis, dont elle se plaint beaucoup. Je lui fais connaître nos raisons, et je l'exhorte à penser à une autre retraite172. Bossuet est revenu sur le choix de Montdenis. On en ignore malheureusement la raison. Peut-être est-ce parce que l'observance y est moins sévère qu'à Faremoutiers.

 

Non contente de manifester cet esprit de raillerie qui conduit sa supérieure et l'évêque à chercher à l'éloigner, la sœur, comme en décembre 1692, choisit un confesseur qui ne convient pas à l'évêque: «Je vous avoue, madame, que j'ai beaucoup de peine à remettre la conscience de madame de Saint-Bernard à ce vieillard; et c'est parce que je ne puis me déterminer à cela, que j'ai tant tardé à faire réponse. Où va-t-on chercher ce bon homme pour lui faire une confession générale? Je ne puis, madame, y consentir, et je vous prie qu'on me demande tout autre confesseur […] Je vous prie, madame, de faire tout votre possible pour faire choisir un  autre confesseur à madame de Saint-Bernard. Il n'y a qu'un seul cas qui puisse mettre ma conscience en repos sur cela; c'est, madame, si l'on ne pouvoit absolument en venir à bout: auquel cas il vaudroit mieux se confesser à ce bon homme, que de ne se confesser point du tout; et je vous envoie une permission dont je vous prie de n'user qu'en cas que vous ne puissiez faire autrement; car en vérité il nous faut une autre tête que celle-là »173.

 

Le 15 mars 1695: «Si madame de Saint-Bernard vouloit sérieusement se donner à Dieu, elle choisiroit un confesseur plus vigoureux qu'un vieillard de cent ans, qui n'a pas assez de fermeté pour conduire sa famille, et réprimer les brutaux emportements d'un neveu qu'il a fait curé. Le curé de Dammartin nous accommoderoit mieux; ou enfin quelqu'un qui sût un peu prendre d'autorité et lui faire connoître le mal de l'esprit railleur qui la possède»174

 

On n'en sait pas plus sur cette affaire, la correspondance de Bossuet n'y fait pas davantage allusion. 

 

 

Notes de renvoi.

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99. Mémoires des intendants sur les Généralités. Tome I Mémoire de la Généralité de Paris, publié par A.M. de Boislile. Paris, Imprimerie Nationale, 1881. Page 85.

 100. Ibid.

 101. Sentence de l'official de Meaux etc. 13 mars 1734. ADSM. H621

 102. Domaine du prieuré de Montdenis. Ordonnance royale du 4 août 1714 portant annulation du contrat de vente et restitution de la ferme de la Ronce. ADSM H622

 103. Ibid.

 104. Domaine du prieuré de Montdenis. Achat de la ferme de Montbénard. 22 décembre 1718. ADSM cote H 622

 105. Domaine du prieuré de Montdenis. Bail de la ferme de Montbénard. 19 octobre 1730. ADSM cote H 622

 106. Sentence de l'official de Meaux etc. 13 mars 1734. ADSM. H621

 107. Didier Lebègue. L'hôtel-Dieu de Lihou, la maladrerie de Coulommes. Il était une fois Boutigny n° 1. Mai 2010. Page 55.

 108. Sentence de l'official de Meaux etc. 13 mars 1734. ADSM. H621

 109. Ibid.

 110. Ibid.

 111. Ibid.

 112. Ibid.

 113. Ibid.

 114. Ibid.

 115. Domaine du prieuré de Montdenis. Transfert du bail de la ferme de Montdenis de défunt Michel Richard à son fils. 20 juillet 1735. ADSM cote Hh622

 116. Domaine du prieuré de Montdenis. Transaction du 4 octobre 1777 entre la prieure de Noëfort et Etienne François Rossignol, fermier. ADSM. Cote H622.

 117. Domaine du prieuré de Montdenis. Transaction du 4 octobre 1777 entre la prieure de Noëfort et Etienne François Rossignol, fermier. ADSM. Cote H622.

 118. Ibid.

 119. Ibid.

 120.Ibid.

 121. Th. Lhuillier. Crécy-en-Brie. Notice historique et état du domaine au XVIII° siècle. 1867. Page 31.

 122. T. du Plessis. op. cit. Tome II page 65.

 123. de Courcelles. Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, etc. Tome V. Paris. 1825. page 38.

 124 M. Champollion-Figeac. Documents historiques inédits etc. Tome I. Firmin Didot. Paris. 1841. page 9.

 125. Louis Moréri. Le grand dictionnaire historique etc. Tome X. Paris. 1759. page 45

 126. T. du Plessis. Tome II, pièces justificatives. page 355

 127. T. du Plessis. Tome II. Pièces justificatives. pages 399 et s.

 128. Recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France. Tome IV. Arrêt rendu au Parlement de Paris le 8 août 1678. Paris. 1716. col. 1790 & s.

 129. T. du Plessis. Tome I. Op. cit. page 447

 130http://www.famillesparisiennes.org/public/ordinis/castille.html

 131. Recueil des actes … concernant le clergé de France. Tome IV. Paris. 1716. colonnes 1790 et s.

 132. T. du Plessis.  Tome II. Pièces justificatives  pages 399 et s.

 133. M. de Boislisle. Mémoire des intendants sur l'Etat des Généralités , etc. Tome I. Paris. Imprimerie Nationale. 1881. page 85, note 7.

 134. Louis Moréri. Le grand dictionnaire historique, etc. Tome X. Paris. 1759. page 611

 135. Bossuet. Œuvres. Lebel. Versailles. 1818. Tome XXXIX. Page 8.

 136. T. du Plessis.  Tome I. Op. cit. page 447

 137. T. du Plessis.  Tome I. Op. cit. page 447

 138. site http://www.famillesparisiennes.org/public/jlm/j17ccastagnere.html

 139. Domaine du prieuré de Montdenis. Acte notarié. 1714  ADSM. cote H 622

 140. Jean-Balthazar de Bonardi du Ménisl. Mémoires (1760-1820). Librairie Honoré Champion. Paris 2001. page 18 note 2.

 141. site http://www.lemarois.com/jlm/data/n11savalette.html

 142. Domaine du prieuré de Montdenis. Acquisition de la ferme de Montbénard. 22 décembre 1718. ADSM cote H 622.

 143. Domaine du prieuré de Montdenis. Déclaration de la ferme de Mont Bénard. 19 octobre 1730. ADSM. domaine du prieuré de Montdenis. cote H 622

 144. T. du Plessis. Tome I. Op. cit. page 447

 145. Jean-Balthazar de Bonardi du Ménisl. Mémoires (1760-1820). Librairie Honoré Champion. Paris 2001. page 18 note 2.

 146. Domaine du prieuré de Montdenis. Déclaration au terrier de Guérard. ADSM. cote H622. 1731.

 147. Sentence de l'official de Meaux etc. 13 mars 1734. ADSM. cote H 621.

 148. à Auger-Saint-Vincent

 149. à Château-Thierry

 150. François Le Dieu. Mémoires et journal sur la vie et les ouvrages de Bossuet. Didier. Paris. 1857. Volume III. Pages 122 & 123.

 151. Ibid. page 128

 152. Ibid. page 143

 153. Ibid. page 174

 154. Ibid. page 278

 155. ibid. page 291.

 156. Ibid. page 314

 157. Ibid. page 433

 158. Fr. Le Dieu. Mémoires et journal etc. Volume IV. Page 102

 159. Ibid. page 176

 160. François Le Dieu. Mémoires et journal etc. Vol. III. Pages 336-337 

 161. Ibid. page 346

 162. Maurice Pignard-Péguet. Histoire générale illustrée de Seine-et-Marne. Gout. Orléans. 1911. Page 258

 163. contrat de mariage Vaultier/Bechameil. Maître Bois, notaire. 5 décembre 1731

 164. Ch. Urbain & E. Levesque. Correspondance de Bossuet. V. Hachette. Paris. 1912. Page 280

 165. Ibid.

 166. Œuvres complètes de Bossuet. Lefevre. Paris. 1836. page 610

 167. Ibid. page 611

 168. Ch. Urbain & E. Levesque. VI Op. cit. page 362

 169. Ibid.

 170. Ibid. page 380

 171. Ibid. pages 390-391

 172. Ibid. page 468

 173. Ibid. pages 34-35

 174. Ch. Urbain & E. Levesque. VII Op. cit. pages 40-41

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